HISTORIQUE

LA MAISON de convalescence de l'hôpital de Saint-Brieuc, à Quintin, est située en haut de la rue des Carmes, dans un parc verdoyant l'Arboretum de la Salle Verte vous offre de belles promenades dans les allées ombragées et fleurie.

Autrefois, la Salle Verte faisait partie d'un lot de terrains connu sous l'appellation « Le Vivier d'En Haut » et appartenait à la famille Digaultray depuis le XVIIIe siècle. En 1816, existait sur ce terrain un pavillon appartenant à la veuve de François Digaultray.

 

Louis Henry de Villeneuve (1779‑1844) habitait alors l'hôtel de ville actuel, place du Martray, propriété appartenant aux parents de son épouse, Angélique Bellorn de Kerangal (1795‑1865). Ayant acquis la Salle Verte, il fit édifier, en 1820, le bâtiment principal du château que nous connaissions avant la guerre.

 

Son fils aîné, Louis‑Joseph Henry de Villeneuve (1814‑1901) hérita de la propriété. Elle passa ensuite au fils de ce dernier, Guy‑Désiré (1865‑1926), capitaine de vaisseau, qui fit agrandir la maison. Il était le père de Guy, Roseline et Michel Henry de Villeneuve. Celui‑ci a été préfet des Côtes‑du‑Nord de septembre 1943 à mai 1944, puis directeur commercial à Air France.

 

Pendant la guerre, la Salle Verte fut occupée par un état‑major de l'armée allemande. Les officiers s'y réunissaient dans ce qu'ils appelaient « le Casino », autour de tables de jeux. Un hôte célèbre y serait passé : il s'agirait de Joseph Goebbels (ministre de la propagande du parti nazi) très proche d'Hitler. La propriété était très protégée. Personnellement, je me souviens avoir vu des guetteurs juchés dans les arbres bordant le parc. Au bas de la propriété, à l'angle côté de la route de Châtelaudren, une meurtrière était pratiquée dans le mur permettant le passage d'une mitrailleuse, dirigée vers La Gravelle.

Au moment de la débâcle, les occupants posèrent des bombes à retardement et mirent le feu au château. L’ensemble brûla et explosa le matin du 4 août 1944, ne laissant que des pans de murs et des cendres. Les Allemands avaient fui pour rejoindre « la poche de Brest ».

Après tous ces événements, Mme de Villeneuve fit reconstruire la propriété sur les anciennes fondations, mais d'une conception différente. La famille de Villeneuve ne conserva pas cette nouvelle demeure et la mit en vente.

La Salle Verte fut cédée en 1957 à la Ville de Saint-Brieuc qui en fit un centre de convalescence dépendant de son hôpital.

Aujourd'hui, de nombreuses personnes viennent reprendre des forces dans ce lieu magnifique.

 

Les arbres agrémentant le parc sont nombreux et certains assez rares pour la région. Comment sont-ils venus à Quintin ? La question reste posée... Nous avons interrogé Mme Roseline Montegudet (née de Villeneuve), doyenne de la famille, qui nous a confié qu'elle les avait toujours connus. Ils auraient peut-être été rapportés, nous a t-elle dit, par son grand-père, ou son arrière grand-père ?

Nous avons aussi rencontré M. Lionel Crespel, chef jardinier de l'hôpital de Saint-Brieuc, chargé des espaces verts de la Beauchée, des Capucins et de la Salle Verte à Quintin. Il nous a présenté les lieux dans leur état actuel.

La Salle Verte est un parc de quatre hectares de superficie. Il a été très endommagé par l'ouragan, dans la nuit du 15 au 16 octobre 1987, au cours duquel 130 arbres sont tombés. Cependant, il reste de beaux spécimens remarquables qui ne sont pas très courants dans notre région. Des plaques indicatrices fixées sur les troncs révèlent leur identité. Les conifères sont les plus nombreux.

L’ARBORETUM    

LES CONIFERES

Parmi ceux-ci citons :

Le Sapin de Nordman, originaire du Caucase. Son tronc droit peut atteindre 50 m. Ses aiguilles sont disposées en brosse relevée. Le cône cylindrique, de 14 à 17 cm de long, est brun foncé à maturité.

L’Araucaria Araucana, appelé le « Désespoir du singe », est originaire du Chili méridional. C'est un arbre d'ornement dont la taille adulte est d'environ 40 m. Ses feuilles ont une extrémité piquante et ses cônes ont des écailles terminées par une pointe.

Le Mélèze d’Europe, originaire d'Europe centrale, peut atteindre 40 m à 45 m. Il a la particularité de perdre ses aiguilles en hiver.

Le Mélèze du Japon, originaire du Japon, perd également ses aiguilles en hiver.

Le Pin de Monterey est originaire de Californie. Son tronc imposant a une écorce crevassée. Ses cônes ont de 7 cm à 15 cm de long.

Le Sapin commun argenté est originaire des montagnes du centre de l'Europe. Il peut atteindre 50 m. Ses aiguilles persistantes portent deux lignes blanches en dessous. Son bois est d'utilisation courante en menuiserie.

Le Séquoia Sempervirens est un arbre d'ornement pouvant atteindre 100 m de haut. Il résiste très bien aux hivers même rigoureux.

Le Sequoiadendron Gigantum, originaire de la Sierra Nevada en Californie, à une altitude de 1 600 m à 2 000 m, peut atteindre 100 m de haut avec un diamètre de 10 m dans son pays d'origine.

Le Thuya Géant est originaire de l'ouest des ÉtatsUnis. Sa taille adulte est environ de 35 m à 45 m. Son feuillage est aromatique. Son rameau aplati a une flèche dressée.

Le Thuyopsis est originaire du Japon. Il a une taille de 35 m. La face supérieure de son rameau est vert foncé brillant et la face inférieure est blanchâtre.

Le Thuya du Canada provient du nord-est des ÉtatsUnis. Il mesure environ 15 m. On le remarque, à l'entrée du parc, à gauche : ses branches, couchées au départ, se redressent par la suite.

Le Cyprès chauve, venant du sud-est des États-Unis, peut atteindre 50 m. Il rougit en automne et perd ses aiguilles en hiver. Ses cônes ressemblent à des clous de tapissier.

Le Cryptomeria Japonica peut atteindre 60 m dans sa région d'originie, l'Asie. Son feuillage est persistant. Ses cônes épineux se situent en bout des rameaux.

Le Cryptomeria Japonica « Elegans » possède des rameaux plus serrés au feuillage plus fin que le précédent. En hiver, il est brun rouge. Cette variété n'existe pas dans la nature, elle est obtenue par culture (cultivar).

Le Cèdre pleureur, non étiqueté, est remarquable par sa forme. Il est de taille moyenne et ses branches se recourbent vers le sol avec un feuillage retombant. Il se trouve dans l'allée de droite en entrant, au milieu d'un massif.   

Le Cephalotaxus, sorte d'if sino-japonais, est un arbre de petite taille. Son tronc très ramifié a des rameaux pendants. Ses aiguilles ont 5 cm à 9 cm de long.

 

ARBRES DIVERS

Quittons maintenant le royaume des conifères, mais poursuivons notre promenade dans la Salle Verte pour découvrir d'autres essences d'arbres : les chênes, les érables, les tilleuls, etc., en un mot, les feuillus.

Le Chêne écarlate, originaire du nord-est des ÉtatsUnis, est un arbre élevé dont les grandes feuilles profondément découpées rougissent en automne.

Le Chêne vert, appelé aussi « yeuse », provient du sud-ouest de l'Europe. C'est un petit arbre à écorce en écailles noirâtres. Son feuillage est persistant et ses feuilles ressemblent à celles du houx.

Le Chêne pédonculé, provenant de l'Europe et de l'Asie, peut atteindre 30 m de haut et vivre 400 ans. Sa feuille à pétiole court est peu profondément lobée et son gland est porté par un long pédoncule.

Le Chêne liège, natif de la région méditerranéenne, est une espèce peu commune en Bretagne. Nous le citons pour mémoire car, hélas ~, il est tombé en 1995. Mais aussitôt un nouveau chêne liège a été planté.

Le Châtaignier, natif d'Europe méridionale, est très répandu en Bretagne, dans le centre de la France, en Afrique du Nord. Sa culture s'étend de l'Atlantique à la Mer caspienne. Son tronc, érigé en cime arrondie, possède une écorce vert foncé se crevassant tardivement. Son fruit, la châtaigne ou marron (comestible) est célébré chaque année, à Redon, à la « Fête de la Bogue ». Chauds les marrons, chauds!, font la joie des visiteurs de la Foire Saint-Martin à Quintin.

Le Hêtre pourpre se plaît dans les forêts tempérées. Son feuillage, passant du rouge vif au rouge foncé contrastant avec la verdure de ses voisins, en fait un arbre très décoratif.

L‘Érable plane, venant d'Europe, peut atteindre 30 m de haut. Ses feuilles, à 5 lobes, à dents très aiguës, se terminent en pointes fines.

L’Érable sycomore tire son origine de l'Europe occidentale et de l'Asie. C'est un arbre de grande taille. Ses feuilles à 5 lobes ont des dents obtuses. Son écorce s'exfolie avec l'âge.

Le Tilleul à petites feuilles, originaire d'Europe, possède des qualités mellifères et médicinales.

Le Tilleul à grandes feuilles, appelé Tilleul de Hollande (Europe), fait partie de la famille des Magnoliacées.

Le Magnolia Hybride, en provenance de Chine et du Japon, est un arbuste qui peut varier de 5 m à 15 m de haut. Son feuillage, aux feuilles oblongues d'un vert intense, est caduque. Ses fleurs sont plus ou moins rouges, ou roses, ou blanches rosées ou franchement blanches.

Le Tulipier, de la famille des Magnoliacées, vient de l'est des États-Unis. Ses feuilles à 4 lobes semblent tronquées en haut. Ses fleurs sont d'un jaune verdâtre et ont la forme de tulipe.

Le Marronnier dInde, originaire des Balkans" est un arbre de grande taille (30 m). Il peut vivre deux à trois siècles. Ses feuilles sont composées de palmes. Ses fleurs sont réunies en panicules. Son fruit renferme une graine brune volumineuse : le marron d'Inde, non comestible.

Le Bouleau vériqueux, d'origine européenne, est un arbre à écorce blanche. Il peut croître sur des sols secs et pauvres. Son bois est utilisé en menuiserie et en papeterie.

Le Liquidambar est un arbre d'Asie mineure et d'Amérique septentrionale. Il peut atteindre 15 m à 18 m. Sa cime est pyramidale, ses rameaux sont rougeâtres.

Le Frêne, provenant d'Europe, peut atteindre 40 m. Il croît aussi bien dans des sols riches que dans des sols rocheux. C'est un arbre forestier, mais il est souvent planté au bord des routes ou des avenues. Son écorce est peu crevassée.

Le Noyer Nigra est une plante vivrière d'Amérique, du sud-est européen, de l'est de l'Asie. C'est un arbre, ou parfois un arbuste. Son tronc est droit, mais sa cime s'arrondit en vieillissant. 11 peut vivre 300 à 400 ans.

Deux espèces ont plus particulièrement retenu notre attention : l'If et le Ginkgo Biloba,

L’If provient de l'hémisphère nord. Il a une croissance très lente pour parvenir à une quinzaine de mètres de haut. Il peut vivre plusieurs siècles. Ses petites feuilles sont d'un vert très sombre. Il est très commun dans nos cimetières. Ses jeunes pousses contiennent une substance qui entre dans la composition de médicaments anticancéreux. C'est pourquoi certaines entreprises proposent la taille gratuite des haies afin d'en récolter les coupes pour des laboratoires.

Le Ginkgo Biloba, appelé aussi « Arbre à noix », est d'origine chinoise. C'est une espèce très ancienne pouvant atteindre 30 m à 40 m. Ses feuilles striées ont la forme d'un éventail. Il prend une coloration dorée à l'automne. C'est un arbre très résistant. La bombe d'Hiroshima a anéanti toute vie, y compris la flore; rien ne repoussa sur le sol calciné, excepté un Ginkgo Biloba de la souche duquel, au printemps suivant, sortit une timide repousse qui maintenant est devenue un jeune arbre d'une cinquantaine d'années. Les Français l'appellent aussi « l'Arbre aux 40 écus » en souvenir du prix des cinq premiers ginkgos importés en France. D'autres le nomment « l'Arbre aux 1 000 écus », faisant sans doute allusion à la teinte mordorée de ses feuilles à l'automne. Les sept ginkgos de la Salle Ver-te sont considérés comme le groupe le plus important du département.

En plus des espèces que nous venons de citer, nous pouvons trouver à la Salle Verte des essences plus courantes : hêtres, châtaigniers, lauriers, acacias, etc.

Enfin, les grandes pelouses sont agrémentées de parterres fleuris. Au printemps, les Rhododendrons pontiques mauves, en un massif imposant, mettent de la couleur dans cet ensemble de verdure, ainsi que les Azalées mollis. A l'ouest du bâtiment, le promeneur apprécie également la roseraie, datant de 1984, où figurent des Roses aux appellations variées : Flamèche, Aveu, Critérion, Fresco, Queen Elisabeth, Bonica. D'autres variétés sont plantées en face du bâtiment, aux noms évocateurs, eux aussi : Ruth Leuwerich, Nuage parfumé, Tanostar, Kalinka, Étincelant, Landora ou Fidelio.

Les massifs de fleurs, de 5 000 plants environ, sont renouvelés deux fois dans l'année. En hiver et au printemps, pâquerettes, myosotis, tulipes dominent, tandis que l'été ce sont les bégonias, les géraniums, les oeillets d'Inde...

Au bord de l'allée principale, une curiosité attire l'attention : c'est un oiseau volant taillé en feuillage monté sur une armature. La plante se nomme Ligustrum Jonendrum. Ce motif est taillé trois ou quatre fois par an. Dans ce même massif, se dresse un Lantana, arbuste sur tige aux fleurs à teinte chaude.

Certains Quintinais ont connu des os et des vertèbres de baleines, disposés dans le parc, sans doute ramenés de contrées lointaines. Plusieurs ont été dérobés. Ceux qui restent ont donc été rangés en lieu sûr.

Pour l'anecdote, nous signalerons aussi la présence de lapins qui se plaisent à batifoler sur les pelouses. Ceux-ci font le bonheur des résidents, mais également le désespoir des jardiniers qui voient leur travail saccagé!

1.      Jean-Baptiste Digaultray, avocat né à Quintin, ancien maire de Quintin, député à l'Assemblée législative puis au Conseil des Cinq-Cents (1763-1834).

Source : Jeanne-Marie, Jean-Yves Rossignol  « Le Quintinais 1997 »

 

CI-DESSOUS, PHOTOS DU PARC ET DE LA MAISON DE CONVALESCENCE

 

 

 

   

 

 

 

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