QUINTIN vient du breton
« Kistin » (chataigne).
Quintin est mentionné dans les chartes de l’abbaye de Beauport des 1202, ce n'est pas seulement le nom d'une ville, mais celui d'une région traversée d'est en ouest par la ligne de partage des eaux entre Manche et Océan, région qui a été sans doute la partie d'un "pagus", et qui au moyen-age, correspond à un fief. Celui-ci s'étendait d'est en ouest, du Gouët au delà du Blavet.
Il fut
démembré en 1209, de la baronnie
d’Avaugour en faveur de Geoffroy Boterel qui s'installa en premier au château
Boterel en St-Donan, puis à l'emplacement de la ville actuelle, à l'endroit ou
la voie romaine de Carhaix à Alet (St-Servan/Mer) franchit le Gouët.
La ville
close, rectangle allongé (à un emplacement qu’on a supposé avoir été celui d’un camp romain) découpé par 2 voies
perpendiculaires aboutissant à chacun des points cardinaux à une porte, semble
avoir été à l’origine, un marché, protégé par le château.
Un Hospice
sous le patronage de St-jean Baptiste fut très tôt construit près du château
dont la chapelle devenue Eglise Notre-Dame, fut érigée en Collégiale en 1405. Mais dès cette époque, l’église paroissiale,
sous le vocable St-Thurian ou Thuriau est, sans qu’on explique complètement le
fait, déjà établie très en dehors de la ville close, sur la colline où ses
ruines sont actuellement entourées par le cimetière.
Le fief de
Quintin passa, des Boterel aux du Périer, aux Montfort-Laval, aux Rohan, aux Rieux,
aux Coligny, la Trémoïlle, Gouyon de la Moussaye (ces trois dernières
adoptèrent la réforme).
Le domaine
passe ensuite aux Durfort de Lorge, pour lesquels la terre est érigée en 1691 en duché-pairie, sous le nom de Quintin, puis en
1706 sous celui de Lorge. Il est
transmis par héritage aux Choiseul-Praslin, Nédonchel, Calonne de Courtebourne,
et aux propriétaires actuels Frotier de Bagneux.
Quintin fut
assiégée et pillée à deux époques : une fois, à la fin des guerres entre
le Duché et le Roi de France ; puis à la fin de la Ligue, alors que la
ville tenait pour Henri IV contre Mercoeur ;
ses murailles ne furent jamais relevées depuis lors, mais servirent peu à peu
de carrières.
Quintin
était l’une des 42 villes députant aux Etats de Bretagne (où elles
constituaient l’unique représentation du
Tiers-Etat). Déjà connue pour sa fabrication de toiles fines appelées
« QUINTIN » servant à faire les coiffes, les cols et les manchettes,
elle prit une grande importance au XVII ET XVIIIè siècles, grâce au développement de l’industrie, d’abord purement
rurale et familiale, des « toiles de Bretagne » exclusivement
destinées à l’exportation vers les colonies américaines d’Espagne. Quintin
évaluait en 1789 à 30 000 personnes, le nombre de tisserands
qui y apportaient leurs toiles
Quintin était également un centre important au point de vue judiciaire : la juridiction seigneuriale de Quintin comportait haute moyenne et basse justice avec, comme juges, un sénéchal, un alloué, un lieutenant et comme ministère public, le procureur fiscal. En l’auditoire dont sept autres juridictions seigneuriales et voisines « empruntaient le territoire », les causes étaient défendues par 17 avocats, et justifiaient l’existence d’un « général d’armes » et d’un grand nombre d’huissiers, sergents , recors et assistants, sans parler des tambours qui annonçaient « les bannies ». Douze procureurs, à la fois notaires, exerçaient en leurs « études » ou « tabliers » selon qu’ils agissaient à l’un ou l’autre de ces titres. Ces 7 juridictions étaient : Beaumanoir, Crenan, La Coste-Crapado-Bienassis, la Noë-Sèche, le Quellenec, Robien, La Ville-Menguy.
Les guerres de la Révolution, la suppression (le 4 août 1789) des juridictions féodales, amenèrent la ruine des toiliers et de tous ceux qui vivaient de la plume et de la parole. La Révolution passée, on essaya, avec beaucoup d’énergie, par un outillage plus moderne et des fabrications plus variées, de faire renaître l’industrie de la toile. On réussit à assurer du travail jusqu’en 1870 aux tisserands, mais le courant avait été trop longtemps interrompu. Les marchés traditionnels d’outre-Atlantique étaient passés aux mains des Anglais et des Prussiens, qui avaient concurrencé et contrefait les « Bretagnes ». les fabricants des « Bretagnes » il faut le reconnaître, n’avaient pas toujours pris assez de soin pour garantir la qualité et les dimensions de leurs toiles ; le coton avait supplanté le lin et l’Amérique n’avait plus besoin de l’Europe.
L’afflux de la population aisée et entreprenante, qui s’était produit de très loin, au temps de la prospérité toilière ‘Quintin avait compté 5000 habitants au début du XVIIIè siècle) fait place, au XIXè siècle, au départ progressif ou à l’extinction locale des familles qui avaient bâti les beaux hôtels de pierre de taille.
Quintin dont le dernier métier à tisser a pourtant battu jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale, reprend surtout le rôle de marché qu’il avait eu avant le développement de la manufacture des « Bretagnes ». Il est aussi un centre scolaire bien vivant et son rôle de centre touristique se développe.
Source : QUINTIN D’HIER ET D’AUJOURDHUI (édité par le
Syndicat d’Initiative de Quintin)