HOPITAL LOCAL DE QUINTIN

 

 

                               

 

 

 Son Historique

 

L'existence d'un hôpital à QUINTIN remonte à des temps très reculés, le premier ayant été construit en même temps que le château vers 1230. La fonction hospitalière étant à cette époque considérée comme un ministère religieux, une chapelle dédiée à St Jean Baptiste est construite, en même temps que l'hôpital, dans la ville close protégée par le château.  C’est l'ancienne « Maison Saînt-Jean », située tout d’abord, à l’angle actuel de la rue Notre-Dame et de la place 1830, puis place de la Mairie, au débouché du pavé des Carmes.

 

A la fin du XVe siècle, les bâtiments trop petits et menaçants de ruine, Jeanne de Périer et Pierre de Rohan font transférer la « Maison Dieu » dans un faubourg, hors de la ville close, où ils possèdent «une maison avec jardin et fontaine d'eau inépuisable». Ils promettent d'y rajouter une chapelle avec logement pour le Chapelain et d'assurer le versement d'une rente de fonctionnement. L'évêque de St-Brieuc, intendant de l'hôpital confirma cette translation le 30 avril 1499.

 

En 1719, devant « l'état d'abandon intolérable où se trouve l'hôpital » les administrateurs envisagent un nouveau projet. Considérant que « le peuple s'est beaucoup multiplié depuis quelques temps dans la ville à l'occasion du commerce des toiles et que le nombre des pauvres et infirmes s'est augmenté à proportion », le roi Louis XV, par lettres patentes (*) du 15 Avril 1738, « approuve et confirme l'établissement à Quintin d'un hôpital général. Il faudra attendre le 23 janvier 1749 avant que les plans du nouvel établissement soient adoptés. Les travaux débuteront en 1751 pour l'aile de la chapelle et le bâtiment central.

(*)  Le document historique, gardé dans les archives de l'Etablissement est revêtu de la signature du Roi LOUIS XV, du Secrétaire d'état PHELIPPEAUX et du Chancelier DAGUESSEAU

 

Le nouvel hôpital fut construit en bordure de l'actuelle place du Martray. Les travaux de construction de l'hôpital et de la chapelle attenante ont débuté en 1751, grâce à la générosité du Duc de Lorge, Guy de DURFORT, qui assura le financement de cette construction imposante pour l'époque. Chirurgiens, médecins et sage-femme interviendront dans cet établissement  qui sera ouvert aux pauvres le ler avril 1762. La première messe dans la «chapelle neuve » desservie par les Carmes est dite le dimanche 19 septembre de la même année.

 

Au XIXe siècle, pose de la première pierre le 25 février 1879 pour la construction de l'aile droite de l'Hôpital qui complète harmonieusement la cour d'entrée de l'établissement.

 

La Révolution apporte peu de changements dans le fonctionnement de l'Etablissement, sauf pour les religieuses de  St-PAUL de Tréguier qui ne purent continuer à assurer leur service par manque de recrutement. Elles furent remplacées par la Congrégation St-Thomas de Villeneuve; le contrat fut signé avec l'administration hospitalière le 13 vendémiaire en XIII,  ce contrat fut modifié et modernisé par la suite. Pendant près de deux siècles, jusqu'au 31 Mars 1987, l'Hôpital de Quintin sera géré par les Sœurs de l'Ordre de St Thomas de Villeneuve.

 

En 1908, était construit un bâtiment annexe, appelé alors « pavillon d'isolement », ce dans les jardins.

 

 

Les guerres apportèrent à l’h8pital de nombreux blessés et malades militaires : 1870 et 1914 - 1918 et 1940. La première guerre mondiale, en particulier vit 60 lits affectés au service de sant6 militaire. Une autre période d'activité importante, celle de la construction du chemin de fer dans les années 1867 – 1870, de nombreux ouvriers affectés aux travaux furent hospitalisés en service médecine. Outre ce service et une section hospice, l'établissement comprenait à l'époque une salle d'opération, et de 1940 à 1953, un petit service de maternité qui recevait une trentaine de parturientes chaque année.

 

Enfin l'h8pital possédait probablement depuis sa fondation un orphelinat qui permettait d'héberger 50 orphelins et surtout orphelines, y était adjoint un ouvroir au des cours de couture et de broderies étaient dispensés aux élèves. Lors de sa fermeture en 1956, il y avait encore 36 enfants et jeunes filles.

 

A partir de 1955 et sous l'active impulsion de la Commission administrative, présidée par Monsieur Jean de Bagneux, Sénateur-Maire de Quintin, était entrepris un vaste plan de modernisation, qui devait se concrétiser par l'agrandissement du pavillon du jardin, dorénavant réservé à l'hébergement de dames pensionnaires ou de vieux ménages. L'aménagement de très fonctionnels services généraux (cuisine, lingerie-buanderie et chaufferie centrale) et, dans les bâtiments anciens, le boxage des grandes salles communes, l'installation de nombreux blocs sanitaires, la mise en place d'un ascenseur-monte malade, etc...

 

Dans le cadre de l'humanisation des locaux avec notamment la suppression des salles communes, deux nouveaux bâtiments ont aéré l'espace de vie des résidents :

 

1983 Construction du Bâtiment St-Jean

1991 Construction de la Résidence Danard

 

 

Actuellement, l’hôpital de quintin se compose de :

 

                  médecine                 18 lits dont 10 en chambre individuelle

                  Maison de retraite   198 lits d’hébergement répartis en valides et en section cure médicale

                  Foyer logement       67 studios gérés par l’hôpital mais dépendants de la mairie

 

 

 

 

L'AQUEDUC DE L’HOPITAL

 

 

Le bâtiment de l’aile nord de l'hôpital où se trouvent actuellement les services administratifs a été construit en 1879 - 1880, la pose de la première pierre ayant, eu Lieu Le 25 février 1879.

En vue de protéger ce bâtiment de l'écoulement des eaux provenant du haut de la rue des Carmes et de la Saint -Martin, un aqueduc partant de cette rue, suivant la cour de l'économat, passant sous la cuisine actuelle et rejoignant le ruisseau du Pissot  a été aménagé.

 

D'une faible hauteur au départ, il atteint environ 1 m 70 après quelques mètres. La réalisation a été soignée, il s'agit d'une belle maçonnerie avec voûte en pierre, Longue d'environ 120 mètres, toujours en service actuellement.

 

 

 

LE CANAL DE LA MAISON SAINT JEAN

 

Par L’ordonnance royale du 24 septembre 1823, l’hôpital était autorisé à vendre "la maison Saint Jean" au prix de 15.600 francs à Monsieur Louis BOUAN (Actuelle propriété LECOMT'E, B0GARD, OGER).

 

La commission administrative a chargé I’Ordonnateur de faire insérer dans le contrat de vente la clause relative au canal qui amène du terrain de L'hôpital, l'eau dans la buanderie de la Maison Saint Jean.

 

Extrait, de La délibération du 27-01-1823 :

 

« Arrêtent que, relativement au canal qui arrive dans la buanderie de la maison Saint-Jean, jouie par Monsieur BOUAN, des eaux très précieuses pour cette maison, passant sous le grand chemin et sous Les terrains de l'hôpital, on doit stipuler dans le contrat de vente qu'il ne sera mis aucun obstacle à la libre circulation de l'eau par des constructions ultérieures sur le terrain de l'hôpital, mais aussi que toutes réparations pour l’entretien de ce canal on sa reconstruction au besoin doivent tomber à la charge de l’acquéreur de la Maison Saint-Jean qui profite uniquement de leur amenée par ledit canal »

 

La cave de Mademoiselle OGER recèle encore l'ancienne buanderie de cette maison Saint-Jean qui fut hôpital de 1499 à 1752.

 

 

 

LA CHAPELLE DE L'HOPITAL DE QUINTIN

 

 

La chapelle de 1752 est dédiée à Saint Jean-Baptiste.

La première messe fut célébrée le 19 septembre 1762.

 

 

Les Travaux de Restauration de la chapelle

 

Dans la deuxième moitié du XXème siècle (1960); l’intérieur se dégrade et des travaux sont envisagés.

 

      * La tribune du premier étage offre un accès direct au couloir desservant les chambres des pensionnaires. Cela retient l’attention des décideurs. Une tribune semblable sera construite au second étage. Ainsi les pensionnaires se rendront directement aux offices en ouvrant simplement une porte à l’extrémité de leur couloir, sur les trois niveaux.

      * Le chauffage est rénové et offre un bon confort à l'assistance.

      * Le sol est recouvert de dalles d'ardoise provenant des carrières de Sizun.

      * Monsieur de Sainte-Marie, maître verrier à Quintin, est chargé de remplacer les vitraux: ils offrent un éclairage agréable. Les murs recrépis donnent de la clarté à l'ensemble.

 

 

La Statuaire

Dans le cadre de cette restauration, Monsieur de Bagneux, maire et président de la commission administrative, et Monsieur Passenaud, Directeur de l'hôpital, après accord du directeur honoraire des-archives départementales des Côtes-du-Nord, considèrent que les statues en plâtre, de style Sulpicien (**), ornant la chapelle pouvaient être remplacées. Le lieu n’étant pas classé, il n'existait pas de contraintes imposées par les Beaux-Arts quant à leur choix.

 

Les niches du chœur abriteront désormais les quatre évangélistes en bois ciré :

Jean, l’aigle, et Marc, le lion, sont l’œuvre. de Bernard NICOLLON DES ABBAYES (***)

Luc, le taureau, et Matthieu, l'ange, ont été réalisés par Aleandro DOSSENA (****).

 

Il reste deux niches dans les murs au droit du chœur et deux autres dans la nef. Plusieurs réunions ont lieu pour décider du choix de ces statues !

Sont d'abord proposés les quatre docteurs de l’Eglise : Saint Thomas d'Aquin, Saint Ambroise, Saint Jérôme et Saint Grégoire le Grand. Ceux-ci sont jugés trop sérieux !

 

Autre proposition : les quatre vertus cardinales, la Justice, la Force, la Prudence et la Tempérance  seraient représentées par quatre saintes.

 

Ou encore quatre des sept péchés capitaux exorcisés par quatre saints ou saintes.

 

Ces sujets ne furent pas retenus. On s'oriente alors vers des personnages vénérés aux Saintes-Maries de la Mer (ex. : sainte Salomé. On pense aussi à Sainte Azénor, Sainte Sarah...)

 

Finalement, les niches près du chœur seront occupées,

 

 

 

* à droite par Marie-Madeleine (de Magdala d'où son nom), pécheresse convertie par Jésus. Elle fut présente à tous les moments privilégiés de la vie de Jésus, et de sa mort (les Saintes Femmes).

 

·         à gauche, par Marie l’Egyptienne, moins connue. Elle mena une vie de débauche à Alexandrie où elle se prostituait. Au cours d'un déplacement, elle alla au Saint-Sépulcre et se prosterna devant une icône de la Mère de Dieu, la suppliant de la faire admettre dans l'église pour adorer la croix. La Vierge obtint rentrée de Marie au Saint-Sépulcre et sa conversion. Marie gagne alors le désert d'Egypte où elle vivra pendant 47 ans avant de mourir en 492.

 

Oeuvres d'Aleandro Dossena, toutes deux simplement couvertes de leur longue chevelure, symbolisent le péché suivi du repentir.

 

Pour les niches situées dans les murs de la nef, après réflexion, le choix s'est porté sur les deux frères, Côme et Damien, respectivement patrons des médecins et des apothicaires. Pourquoi ces deux personnages? Nous sommes dans un hôpital comportant un service médecine et une maison de retraite. Par ailleurs, je me suis laissé dire que Bernard des Abbayes qui les a réalisées en bois polychrome, est issu d'une famille de médecins : c'est peut- être cela qui l'a influencé.

 

      * A gauche, Saint Côme, vêtu en tenue de médecin de l’époque de Molière, est représenté administrant un lavement à raide d'une seringue à un patient grimaçant dont la posture n’échappe pas au visiteur.

 

      * A droite, lui faisant face, saint Damien, l’apothicaire, en tenue de la même époque, porte ses fioles contenant sans doute, quelques potions.

 

(**) Société religieuse fondée à Vaugirard, en 1641, par Jean-Jacques OLOER et qui a pour objet de diriger les séminaires

(***) Bernard NICOLLON DES ABBAYES , sorti de l'école des Beaux-Arts de Rennes, élève du sculpteur PELLERIN, grand prix de Rome, son professeur à Rennes.

(****) Aleandro DOSSENA, fils et petit-fils de sculpteurs, d'origine italienne, expert artistique, guide interprète de monuments religieux et d'art statuaire.

 

 

 

Le Retable

Constitué d'un portique à colonnes surmontées d'un baldaquin, le retable date du XVIIIème siècle. Il a été entièrement repeint par Monsieur Maurice LANGLAMET, peintre local. A remarquer: les faux marbres.

 

Au-dessus du tabernacle, deux statues en bois polychrome, représentent le Baptême du Christ par Saint Jean-Baptiste.

A la partie supérieure de cette imposante structure domine une Vierge de l’Assomption, les bras ouverts, du XVIIIème siècle. Ces personnages ont été redorés à la feuille d'or par Pierre BROUTE (peintre local).

 

 

 

Sur le mur à droite, est fixé un Christ en croix (XVIème - XVIIème) d'art populaire les pieds et les mains sont un peu disproportionnés.

 

 

Notre-Dame de la Bonne Délivrance

Dans le chœur, sur son piédestal, une Vierge noire couronnée, portant l'Enfant-Jésus sur son bras gauche et un sceptre dans la main droite, fait face à l'assistance. On la vénère sous le vocable de Notre-Dame de la Bonne Délivrance (à ne pas confondre avec Notre-Dame de Délivrance de la basilique). Cette statue est en plâtre. Les teintes de sa robe ont un symbole

 

- le bleu,    couleur de la chape de St Martin, apôtre des Gaules(+397),

- le blanc, celle de l'étendard de Jeanne d’Arc (+1431),

- le rouge, celle de l'oriflamme de Saint Denis, évêque de Paris (+275).

 

C'est une réplique de la statue au teint d'ébène (non en bois, ébène, noyer ou chêne, comme à Chartres, par exemple (mais en calcaire peint) située dans la chapelle de la Maison-Mère des Sœurs de l'ordre de St Thomas de Villeneuve, 52 Boulevard d'Argenson à Neuilly-sur-Seine.

 

Les religieuses de cet ordre ont assuré les soins aux malades dans l'établissement de la rue des Carmes du 2 Vendémiaire an XIII ( 24 septembre 1804) jusqu'au 31 mars 1987. De 1908 à 1958 avec beaucoup de dévouement la Mère Saint-Charles y consacra 50 ans de sa vie, dont une grande partie en tant que supérieure. Entre autre elle joua un rôle au cours des deux guerres mondiales particulièrement la seconde.

En 1952, elle reçut la médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur au titre de la santé publique. A son départ en retraite, elle fut regrettée de tous.

Elle mourut à Quintin le 11 octobre 1961.

 

 

Autres mobiliers

L'autel utilisé pour les offices, célébrant face aux fidèles, (datant du XVIIIème) a été acquis dans une salle des ventes.

 

 

La chapelle de l'hôpital de Quintin contient deux objets mobiliers qui ont été classés parmi les Monuments historiques par arrêté ministériel du 9 septembre 1969: il s'agit :

      -d'un reliquaire, bois et argent

      -d'une ampoule aux Saintes Huiles en argent.

Ces deux objets datant du XVIII siècle.

 

L'ampoule aux Saintes Huiles, haute de 6 centimètres, se présente sous une forme tubulaire et porte l’inscription: "OLEUM INFIRMORUM- HOPITAL DE QUINTIN 1770".

 

 

Jusqu'en 1998, elle fut utilisée par l’aumônier de l'hôpital pour l'onction des malades.

 

 

 

Le reliquaire, d'une hauteur totale de 55 centimètres, est en bois teinté en noir, garni de motifs et de bordures en vieil argent. Il est surmonté d'une croix dont les bras se prolongent par une fleur de lys.

Quatre médaillons représentent les martyrs Saint-Défendent, Saint-Gaudens, Saint-Précieux et Saint-Germain, dont les reliques sont à l’intérieur, authentifiées par un document de 1755, rédigé et signé par le Préfet apostolique de Rome, comme ayant été extraites du cimetière de Sainte Agnès.

 

 

Extérieur

A l'extérieur, sur le pignon de la chapelle, côté rue deux niches actuellement vides, étaient occupées par deux personnages dénommés "bienfaitrice et pauvre", en bois polychrome, du XVHIème, qui ont été entreposées à l'intérieur de rétablissement en attendant leur restauration

Au-dessus des niches, nous pouvons lire les inscriptions suivantes :

 

 

HIC ACCIPITUIR           HIC DATUR                   

                                            (celui qui reçoit)            (celui qui donne) 

(Demeure et Maison de Dieu)

 

 

Source : Jean-Yves ROSSIGNOL Avec l'aimable participation de François KERGOAT

Remerciements à Monsieur Jean LE BRAS, Directeur de l'hôpital pour la mise à disposition du dossier   d'archives de la chapelle.

 

 

 

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