ALEXANDRE-OLIVIER GLAIS-BIZOIN 1800-1877
Voici 200 ans naissait à Quintin, au n° 9 de la rue SaintThurian,
Alexandre GLAIS-BIZOIN, fils et petit-fils de négociants toiliers de
Saint-Thélo.
Il fit des études de droit à Rennes ; avocat, il ne semble pas
avoir plaidé. En 1830, il devint conseiller général d'Uzel, puis, en 1831,
député de Loudéac.
GLAIS-BIZOIN était avant tout un humaniste car il possédait de
grandes qualités sociales. Il intervint sans trêve pour la suppression de
l'impot sur le sel et la réduction des taxes sur les journaux, pour la liberté
de la presse, le droit de réunion, contre la pratique qui permettait aux
riches, tirés au sort, de payer un remplaçant pour un service militaire de sept
ans ... Il proposa la solution du service militaire en deux ans pour tous. Quel
précurseur ! Il demanda des améliorations pour l'état des routes et dans le
domaine de la pêche maritime, ainsi que l'extension du réseau ferré vers la
Bretagne; prolongement de la ligne de Versailles à Saint-Brieuc, puis Brest,
création de la ligne Saint-Brieuc-Napoléonville (Pontivy) via Quintin et
Loudéac.
GLAIS-BIZOIN fut aussi journaliste et écrivain. On lui doit
plusieurs publications dont "la Tribune française" permettant à
Victor HUGO en exil de s'exprimer par lettres et à Emile ZOLA (qui sera son
secrétaire plus tard à Bordeaux) d'écrire ses premiers articles.
Chaque fois qu'il prenait la parole à la Chambre des Députés,
GLAIS-BIZOIN faisait impression. On raconte qu'il arriva un jour avec deux
gamelles de bouillie d'avoine (des « peues »), l'une nature, l'autre
salée. Il les fit goûter à ses collègues en leur demandant leur préférence.
Tous choisirent la solution salée, ce à quoi il répondit :"Cette bouillie
salée est la nourriture de base des Bretons". Cette démonstration
contribua peut-être à obtenir un abattement de l'impot sur le sel.
Devant la multiplication des décorations civiles, il a proposé de
les soumettre à un paiement dans le but de ramasser des fonds pour aider les
plus démunis.
Aujourd'hui, ce que l'on retiendra surtout de GLAIS-BIZOIN, c'est
sa lutte pour la réforme postale. Jusqu'alors le destinataire payait la taxe à
l'arrivée en fonction de la distance, taxe très élevée puisqu'elle pouvait
atteindre le salaire d'une journée d'un ouvrier. En 1828, par exemple, une
lettre ordinaire coutait 80 centimes, or de Saint-Brieuc à Paris, soit environ
25 à 30 francs d'aujourd'hui, ce qui peut paraÎtre incroyable quand on peut
maintenant pour trois francs poster une lettre par avion pour les départements
d'Outre-Mer. GLAIS-BIZOIN proposa, dès avant 1839, un tarif unitaire quelle que
soit la distance 20 centimes. L'idée fut appliquée par ROWLAND-HILL, en
Angleterre où parut le premier timbre-poste en 1840. "Une idée
française", souligna GLAIS-BIZOIN. Notre compatriote sans relâche, persévéra
dans ses interventions à la Chambre et put enfin développer son projet en 1847.
Finalement, c'est la Révolution de 1848 qui permit la réforme
postale. Le gouvernement lui-même reprit la proposition de GLAIS-BIZOIN qui fut
votée sans problème. Le directeur général des Postes, Etienne ARAGO, fut chargé
de l'application du décret de réforme.
C'est le nom d'ARAGO que l'histoire a retenu pour la naissance du
premier timbre-poste français, le ler janvier 1849, un "Cérès" noir à
20 centimes, occultant le rôle primordial du véritable père du timbre :
GLAIS-BIZOIN.
Ce dernier proposa aussi un service assuré par la marine
militaire pour porter le courrier aux Terres-Neuvas lors de leurs longues et
lointaines campagnes de pêche.
Alexandre GLAIS-BIZOINfur, par la suite, député de Saint-Brieuc
de 1863 à 1869,
puis de Paris de 1869 à 1871.
Au moment de la proclamation de la République en 1870, il devint ministre
du Gouvernement de la Défense nationale.
A la veille du conflit de 1870, il fut le seul à refuser de voter le budget de
guerre, tout en demandant la communication de documents diplomatiques (car il
sentait la provocation de part et d'autre). Il ne se rallia qu'avec
l'entrée en guerre.
Lors de la menace prussienne sur Paris il fut désigné pour
organiser le pays. Il fut rejoint à Tours, puis à Bordeaux
par GAMBETTA.
Après son échec de 1871, GLAIS-BIZOIN se retira de la vie
politique, restant toutefois conseiller municipal de Saint-Brieuc jusqu'à sa
mort. Il vécut dans sa propriété de la Tour de Cesson où il avait fait
construire, vers 1850, une résidence "à l'italienne". Il était très
populaire dans la région de Saint-Brieuc comme lorsque, par exemple, il fit
doter de parapluies les marchandes installées près de la cathédrale !
GLAIS-BIZOIN est décédé chez lui, en novembre 1877, et il repose
au cimetière de Cesson près de son épouse.
Pour commémorer cet illustre Quintinais, désormais reconnu comme "père
du timbre-poste", une plaque a été apposée le 11 mars 2000, sur sa maison
natale au 9, rue Saint-Thurian.*
Notons que son buste en marbre, sculpté par un autre Quintinais
célèbre, Charles-Paul FOULONNEAU, est exposé au Musée de Saint-Brieuc.
Source :
Jean-Yves
ROSSIGNOL
(Merci
pour sa contribution à Monsieur René HUGUEN Président d'honneur du
Club-Philatéliaue Briochin)